A Philémon. Réflexions sur la liberté chrétienne

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Candiard Adrien, A Philémon. Réflexions sur la liberté chrétienne, Cerf, janvier 2019, 144 pages.

Ancien élève de l’École normale supérieure et de Sciences Po Paris, le Frère Adrien Candiard, o.p., prépare sa thèse en islamologie dans le cadre de l’École pratique des hautes études. Il s’éloigne donc à nouveau de son sujet de prédilection pour reprendre ses réflexions autour de la morale chrétienne. Il a reçu le prix de la liberté intérieure 2019 pour ce nouvel ouvrage.

« La liberté chrétienne est trop nouvelle et trop révolutionnaire pour être reçue et même simplement entendue en quelques minutes » nous prévient l’auteur ; c’est la raison de cet opuscule. Il va donc proposer des réflexions à son lecteur à partir de la très courte Lettre à Philémon. Cinq brefs chapitres stimulants pour réinterpréter ces trois pages de la Bible. ; les chapitres 3 et 4 s’éloignent de l’épître mais n’enlève rien au propos. Paul a passé sa jeunesse a tenté de mériter l’amour de Dieu dans le respect scrupuleux des 613 commandements de la Torah ; sur le chemin de Damas, il est libéré de ce besoin, de ces obligations, de son désir de perfection. Cette expérience, Paul propose à Philémon de la vivre. Pour l’auteur, le but de la lettre n’est pas l’affranchissement de l’esclave – Onésime – mais la libération du maître. C’est pourquoi il voit Paul faire preuve d’une étonnante délicatesse à l’égard de l’esclavagiste que l’apôtre appelle à la responsabilité ; impossible pour Paul de forcer la conscience du destinataire.

Si la Lettre à Philémon sert de fils de chaîne, divers passages bibliques et expériences personnelles constituent la trame de cet ouvrage. Il sera évidemment question de liberté, de gratuité… et même de chasteté et de sacrifice, mais dans un sens mieux compris à notre avis.

À bien des égards, certaines idées de l’auteur peuvent paraître osées, voire choquantes. Adrien Candiard n’élude pas ces questions mais dessine une morale qui, en l’amour, devient plus exigeante car elle appelle le don de tout son être. En effet, là où une perception étriquée de la morale voit des interdits, l’amour crée des impossibilités : singulièrement celle de mépriser la dignité de l’autre. L’amitié véritable n’est-elle pas plus ardue que l’obéissance servile ? Et ne nous découvrons-nous pas appelés à reconnaître en chacun un membre de la famille humaine ?…

Ouvrage : https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/18621/a-philemon-reflexions-sur-la-liberte-chretienne

Paru le 5 novembre 2019 dans la Lettre du CEERE (Centre Européen d’Enseignement et de Recherche en Ethique), n°134.

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