L’Eglise catholique est-elle anticapitaliste ?

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RAUSCHER Jacques-Benoît, L’Eglise catholique est-elle anticapitaliste ?, Presses de Sciences Po, Coll. Essai, février 2019, 125 pages.

Couverture du livre L'Eglise catholique est-elle anticapitaliste ?

Prêtre dominicain, Docteur en sociologie, agrégé de sciences économiques et sociales et doctorant en théologie morale, l’auteur s’interroge sur le rapport de la morale catholique au capitalisme.

Pour commencer, une belle étude sur le magistère social de l’Eglise permet de montrer qu’il n’y a pas d’enseignement caractérisé sur le capitalisme comme système économique. Il s’agissait de n’être pas associé au marxisme et de maintenir le dialogue avec un monde en voie de sécularisation. Il en résulte que la position catholique sur le capitalisme est peu lisible. La poursuite de cette étude dans le deuxième chapitre met en évidence un enseignement clair du magistère dans le sens d’« une condamnation constante de l’esprit du capitalisme. » (p. 62) Toutefois l’articulation entre les structures du capitalisme et son ethos n’est pas pensée… Cette absence handicape la recevabilité du propos. Le troisième chapitre en fait la démonstration en présentant trois positions types qui tentent de résoudre cette tension entre acceptation des outils du capitalisme et rejet de son esprit : l’attitude intransigeante portée par une éthique déontologiste, l’attitude réformiste qui délaisse la réflexion sur l’ethos et l’attitude conciliatrice portée par une éthique conséquentialiste. Certains catholiques s’intéressent donc à une éthique de la loi, d’autres à une éthique des situations, dans son ultime chapitre l’auteur nous propose une autre piste, celle d’une éthique de l’action. Il veut « arracher la réflexion catholique sur le capitalisme à l’attraction de la modernité » (p. 100) pour la refonder depuis une éthique des vertus qui intègre d’une part la tolérance en raison de la faiblesse humaine et d’autre part le bien commun. Cette approche doit permettre de rejeter l’ethos capitaliste, ajuster nos actions à un système quasi hégémonique et réaliser une unification des champs sur lesquels le regard se pose.

Cet ouvrage est très didactique dans son déploiement ; il fait état d’une culture théologique et économique du sujet peu commune. Les deux premiers chapitres nous ont paru intéressants mais ce sont surtout les deux autres qui nous ont convaincu : le troisième par sa caractérisation sociologique et le dernier qui ouvre une perspective à la fois nouvelle et fondée dans la Tradition.

Ouvrage : http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?gcoi=27246100230260

Paru le 29 mars 2019 dans la Lettre du CEERE (Centre Européen d’Enseignement et de Recherche en Ethique), n°128.

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